On entre dans l’église par l’entrée principale pour accéder à la nef. Cette partie de l’édifice a été construite au XIVème siècle et vient s’adosser contre l’ancienne construction romane. Le plafond est récent ; il a été reconstitué en s’inspirant de celui de la sacristie datant du XVIe siècle.
Les deux portes latérales sont également intéressantes car formées par de fines colonnettes étirées. Celle du côté Sud est protégée par une très belle grille en fer forgé datant de 1912. Elle portait un heurtoir remarquable, visible au musée Westercamp. On ne sait que peu de choses sur la nef qui a précédé celle que nous connaissons aujourd’hui. La thèse qu’elle fut à trois vaisseaux n’est pas confirmée par les trois arcs visibles dont seul celui du centre est roman. Le développement actuel du bâtiment ne fut atteint qu’au
XVIème siècle par des ajouts successifs.
La chapelle à droite, à deux travées voûtées d’ogives ouvertes vers la nef par deux arcs brisés, date du XVe-XVIe siècle. Peut-être s’agit-il de la chapelle de la Trinité construite en 1513 que certains situeraient plutôt du côté Nord et qui aurait été détruite durant la révolution de 1789. Accroché au mur de la chapelle se trouve le médaillon du réformateur Martin BUCER.
Au Nord, un collatéral est édifié au XVIe siècle, comme le révèle la date de 1513 au-dessus de la porte. Les deux travées sont couvertes de riches voûtes réticulées qui tranchent quelque peu avec l’austérité générale du bâtiment. Les arcs portent à leur clé le blason des Schilling, riche famille de Cracovie, originaire de Wissembourg, qui fit don à la paroisse du collatéral Nord. Cette partie du bâtiment, très endommagé durant la seconde Guerre Mondiale, a été restaurée avec fidélité.
On remarquera également les fenêtres typiques de l’art gothique tardif avec en partie supérieure des motifs appelés « vessie de poissons ». Contre le mur du fond a été placé le buste de Martin LUTHER. Ce monument, offert par les bourgeois protestants de Wissembourg, fut érigé en 1817 en mémoire du tricentenaire de la Réforme.
Vers le Choeur, la chaire de style renaissance, également très endommagée durant la dernière guerre, a été refaite à l’identique et le pied restauré.
Derrière la chaire sur le mur de la tour apparaît une peinture murale datant sans doute du XIVe siècle, malheureusement peu visible et restaurée en 1960 ; elle représente une femme en robe blanche et manteau rouge, les mains jointes pour la prière.
La tour est la partie la plus ancienne de l’édifice ; elle date du début du XIIIe siècle. Elle rappelle sa soeur aînée de l’abbatiale Saints Pierre et Paul.
Au-dessus de l’arc de triomphe, pas très visible, un linteau provenant d’un édifice roman antérieur est décoré d’un agneau de Dieu. C’est sans doute la pièce la plus ancienne de l’église. Elle pourrait dater du VIIIème siècle.
Le choeur fut construit peu après la tour. Il n’est pas de style homogène. Selon l’architecte Steiner qui a supervisé la restauration de 1912, le choeur roman était à l’origine terminé par une abside semi-circulaire. On constate que les voûtes de la partie avant du choeur reposent sur des chapiteaux romans. L’un d’entre eux représente une tête.
Le choeur conserve dans sa partie gothique les vestiges d’une armoire eucharistique, au profil martelé durant la révolution de 1789. Dans le fond de la niche, on devine une silhouette qui pourrait représenter le Christ ressuscité. Le choeur s’ouvre sur deux chapelles latérales. La première, une abside à 5 pans, a sans doute été rajoutée ultérieurement. On y découvrira sur le sol, un fragment de chapiteau orné de feuilles d’acanthes stylisées qui fut trouvé lors des travaux de restauration de 1958 sous les dalles de la nef. Il peut provenir de l’église préromane antérieure. La seconde chapelle latérale semble contemporaine du choeur. Elle est décorée de beaux chapiteaux à feuillages, lesquels possèdent des pendants dans les collatéraux de l’abbatiale Saints Pierre et Paul. Une baie qui s’ouvrait primitivement sur l’extérieur contient le seul fragment de vitrail ancien de l’église. Il est daté du début du XIVe siècle. Tous les autres vitraux de l’église datent de 1985. Sous l’arc vers la nef, les fonts baptismaux sont formés d’une cuve qui pourrait provenir d’un édifice antérieur. La chapelle porte le nom de Saint Stanislas, dont l’origine remonterait aux reliques du Saint déposées par la famille Schilling. Ces reliques ont certainement été retirées au moment de la réforme.
D’après un document daté de 1725, le roi Stanislas, durant son séjour à Wissembourg, aurait offert un nouvel autel dédié à son saint patron.
De l’autre côté du choeur, une porte s’ouvre sur la sacristie dont les plafonds sont lambrissés et les murs couverts en partie par des peintures murales. Le rez-de-chaussée a sans doute toujours servi de sacristie ; en revanche, le premier étage fait plutôt penser à une chapelle car on y trouve des croix de consécration.
Les peintures murales :
Elles datent probablement du XIVème siècle. Elles ont été restaurées en 1990.
Au rez-de-chaussée, sous le plafond de la sacristie, se situe une console en maçonnerie ayant pu soutenir primitivement un autel en pierre situé à l’étage. Sur la console est représenté le Christ en croix entouré de quatre anges recueillant le sang coulant de ses plaies.
Au premier étage au-dessus de l’escalier, les deux fresques représentant Saint Erasme, Evêque de Formia mort en 303. A droite, l’évêque debout, bénit et tient un livre. Il se situe sous un dais gothique. A ses pieds on devine, à droite, une femme agenouillée et un enfant allongé sur le sol et à gauche un petit personnage accroupi.
A gauche, l’évêque subit un horrible supplice : il est allongé avec sa mitre pendant que deux bourreaux enroulent ses intestins sur un cabestan.
Sur le mur à gauche, un grand panneau rectangulaire comporte six registres de personnages assis. Dans le premier registre, sous le plafond, le Christ bénit (ou couronne) la Vierge Marie assise sur un trône, entourée par quatre anges. Dans le deuxième registre, la Vierge est au centre avec le Christ tenant le globe entre ses mains. A gauche : trois anges qui pourraient être des archanges, à droite les quatre évangélistes ailés, à tête d’aigle (Mathieu), d’ange (Jean), de lion (Marc) et de boeuf (Luc).
Puis vient une rangée de treize personnages, des Saints ou des Apôtres. Le registre suivant est composé de dix saints ou saintes portant la palme des martyrs. Dans l’avant-dernier registre, nous voyons au centre la crucifixion et trois personnages de part et d’autre. Le registre inférieur enfin révèle dix silhouettes surmontées de fragments d’inscriptions.
Tournons-nous maintenant vers les deux dernières peintures : Sainte Catherine et la vierge à la licorne. Selon la légende, la licorne est le symbole de la vigueur et de la force. Au Moyen âge, on croyait fortement à son existence. Le gothique tardif la fait figurer dans les scènes de l’annonciation. Ici, la licorne pose sa tête sur les genoux de la vierge.
Sur les murs sont reproduites des croix de consécration. On remarquera également une très vieille serrure sur la porte menant à l’ancienne salle des archives, détruite durant le bombardement de 1945.
En sortant de la sacristie, nous nous dirigeons à nouveau vers la nef.
Le grand orgue dans le fond de l’église, construit de 2014 à 2015 par le facteur d’orgue Dominique Thomas, a pris la place des instruments précédents d'Ernest Mühleisen (1961) et d'André Silbermann (1720, détruit durant la guerre mondiale de 1939-1945).
En quittant l’église on pourra se rendre sur les remparts pour admirer l’ensemble de l’église Saint Jean avec son toit, presque surdimensionné par rapport au reste du bâtiment ; la charpente en chêne massif est impressionnante.